MARGUÉRITE YOURCENAR
MÉMOIRES D'HADRIEN
MÉMOIRES D'HADRIEN
IN
MEDIAS RES
Notre
armée souffrait presque autant que les rebelles : ceux-ci en se
retirant avaient brûlé les vergers, dévasté les champs, égorgé
le bétail, infecté les puits en y jetant nos morts ; ces méthodes
de la sauvagerie étaient hideuses, appliquées à cette terre
naturellement aride, déjà rongée jusqu'à l'os par de longs
siècles de folies et fureurs.
L'été fut chaud et malsain; la fièvre et la dysenterie décimèrent nos troupes; une discipline admirable continuait à regner dans ces légions forcées à la fois à l'inaction et au qui-vive; l'armée harcelée et malade était soutenue par une espèce de rage silencieuse qui se communiquait à moi. Mon corps ne supportait plus aussi bien qu'autrefois les fatigues d'une campagne, les jours torrides, les nuits étouffantes ou glacées, le vent dur et la grinçante poussière.
L'été fut chaud et malsain; la fièvre et la dysenterie décimèrent nos troupes; une discipline admirable continuait à regner dans ces légions forcées à la fois à l'inaction et au qui-vive; l'armée harcelée et malade était soutenue par une espèce de rage silencieuse qui se communiquait à moi. Mon corps ne supportait plus aussi bien qu'autrefois les fatigues d'une campagne, les jours torrides, les nuits étouffantes ou glacées, le vent dur et la grinçante poussière.
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